Mois : juin 2016
L’homéopathie est elle une science ?
La médecine est elle scientifique ? Et que veut dire donc aussi le terme scientifique ? Nous avons ici déjà deux phrases à comprendre. Je les ai énoncées ainsi et c’est une question que je me pose et que je vous pose.
De quand date ce terme d’ailleurs ? J’emploie ce terme : «d’ailleurs», à la fin de la phrase, anodin. Pourtant ce terme d’ailleurs peut aussi signifier, qui vient d’ailleurs. Au temps du fondateur de notre méthode dont nous allons parler ici, vous vous en doutez bien, ce terme scientifique existe t’il ? Il semblerait qu’il prenne signification au « cadet » ( au sens figuré) d’Hahnemann né après lui qui est Claude Bernard, que l’on dit père de la médecine expérimentale.
Encore un concept, terme bien de notre époque, encore donc un concept à commenter. Etait il le père de la médecine expérimentale ? Et pourquoi donc dans l’histoire de la médecine, enseignée de manière très concentrée et rapide aux étudiants en médecine, pourquoi donc y fait on volontairement abstraction de la période prébernardienne et des conceptions « hahnemanniennes » ? N’est ce pas contredire la volonté dite scientifique de nos enseignants universitaires ? Dans l’histoire il y à une part dite scientifique, alors quand nos universitaires organisent l’enseignement de l’histoire de la médecine, qu’ils soient logiques avec eux mêmes. Hahnemann ne méritait pas dans le contexte de la continuité de la médecine hippocratique d’être ainsi gommé de l’histoire !
Nous avons assez ici pour débattre autour des idées que je voulais vous exposer.
Que sont donc la science et le terme scientifique ? Les sciences auparavant étaient assimilées aux savants et mêlaient science et littérature. Le terme savant est désuet. Il désignait des hommes érudits qui connaissaient toutes les disciplines. Qui peut donc maintenant s’enorgueillir de ce fait de tout connaître ?
Le mieux est de prendre la définition actuelle de Popper : « seul a un caractère scientifique ce qui peut être réfuté. Ce qui n’est pas réfutable relève de la magie ou de la mystique» ou encore :« toute théorie est falsifiable et sera un jour falsifiée», il en fera donc une définition de l’abord scientifique».
La démarche scientifique néest donc pas une méthode fixée dans des dogmes, l’homéopathie non plus ne doit pas être fixée dans ses concepts du 18e siècle, elle est susceptible d’évoluer.
Encore faut il la comprendre ou avoir essayé du moins. Et la comprendre c’est d’abord l’expérimenter.
La médecine est une discipline complexe qui ne devrait pas être le monopole des universitaires.
Nos recommandations thérapeutiques de pratique sont fondées sur des expérimentations statistiques d’études en double aveugle sur de grandes cohortes de pathologies monocausales. Elles ne sont pas le reflet de notre objet d’étude principal des cabinets médicaux, Ã savoir l’abord de la polypathologie, ce qui fait que dans ce contexte, le médecin peut se trouver, dans les décisions qu’il a à prendre en conflit avec ces mêmes recommandations de pratique[1].
Claude Bernard lui même disait que la médecine n’était pas que scientifique, je le cite ici : « Je dis au contraire et je le répète à satiété: la médecine, comme toutes sciences, procède nécessairement par empirisme avant de procéder scientifiquement»Autre citation de lui : « La médecine empirique et la médecine expérimentale ne sont point incompatibles ; elles doivent être au contraire inséparables l’une de l’autre».
Si Bernard est considéré comme le père de la médecine expérimentale, celle ci avait un grand père : Samuel Hahnemann !!
Né en 1755, au temps où les maladies étaient plus décrites de manière descriptive que causale, Hahnemann, docteur en médecine et érudit en chimie, était très déçu par la médecine de son temps et après ses travaux initiaux sur la quinquina proposa une méthode expérimentale basée sur la notion de similitude thérapeutique :« une maladie ne peut être aneantie et guerie que par un remède qui est incline à produire une maladie semblable et de même nature car les effets des remèdes ne sont rien d’autre en soi que des maladies artificielles».
Si nous relativisons notre propos aux connaissances de son époque, il utilisa une véritable approche expérimentale sur l’homme, avec une rigueur de type scientifique.
Le plus remarquable ce sera son approche de la globalité de l’organisme vivant, de l’homme et de la maladie. Il accordait d’ailleurs plus de crédit à la réaction de l’individu à la maladie qu’à la maladie elle même. Son approche des terrains était une véritable prémonition de la découverte des germes figurés et à notre époque même des maladies de système. La prise en considération des modalités de l’environnement sur la maladie était aussi le prémisse à l’approche récente épigénétique.
Le propos ici était de replacer ce fait que l’approche homéopathique est du domaine de l’approche empirique dans le sens d’une médecine d’expérience, approchant plus les phénomènes que les causes. Elle nous parle de la notion de similitude sur laquelle nous reviendrons dans un autre article. Le langage de cette approche est à replacer dans l’histoire, mais nous donne un message qu’il nous faut décrypter. Par contre vous pouvez pratiquer la méthode, car elle est expérimentale, et vous en serez satisfait comme vos patients !
De grands sceptiques, médecins se trouvant guéris ont adopté la méthode.
Des médecins à notre époque l’utilisent de manière rationnelle, en l’adaptant en complémentarité avec la pratique médicale contemporaine et en respectant les consensus de la santé publique. Elle ne devrait pas être polémique. D’autres disciplines trouvent aussi leur place, l’acupuncture, l’ostéopathie, la psychothérapie, l’hypnose. La compréhension de l’être humain n’est pas que la compréhension des ses fonctionnements biologiques ou chimiques, elle est aussi son approche holistique et systémique.
[1] Concepts en médecine générale, tentative de rédaction d’un corpus théorique propre à la discipline. Thèse de médecine 2013. http://www.sftg.net/documents%20PDF/Concepts%20en%20Medecine%20Generale.pdf