Mois : septembre 2016
Un ou plusieurs médicaments?
Quand nous prescrivons des médicaments allopathiques, tout dépend de l’état clinique, l’idéal étant d’en donner le moins possible, pour éviter les interactions négatives et les effets secondaires.
Et pour nous en homéopathie ? Le moins possible aussi, pourquoi ?
Ce n’est pas tant pour les effets secondaires qui peuvent néanmoins exister sous forme de réactions intempestives du sujet surtout en début de traitement ou dans certains cas particuliers, mais globalement on ne peut parler d’iatrogénie.
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Belle maxime encore utile à méditer quand vous êtes dans votre bureau face au patient et au temps de la prescription.
Savoir ce que l’on donne et pourquoi on le donne.
Existe t’il des lois de prescription comme nos posologies dans le Vidal ainsi que des contre-indications ou des interactions ?
Question posologie le nombre de granules ou de doses importe peu quoique rien n’empêche de varier ce critère suivant ce que nous en dit le patient.
Il est un critère qui par contre divise parfois notre milieu homéopathique c’est justement la notion de nombre de médicaments prescrits.
Ce critère est important puisqu’il a créé ce qui semble être une division. Schématiquement deux courants coexistent, celui de l’unicisme et du pluralisme pour faire court, et c’est un débat à relancer plus finement.
Quelle est notre principale préoccupation ? Trouver la meilleure similitude possible pour que notre traitement agisse. Mais le traitement de quoi et de qui? Et dans quel contexte de soins ?
L’attitude du médecin dit de premier recours aux journées bien remplies et sources de nombreuses et diverses sollicitations n’est pas la même que le médecin sur rendez vous qui reçoit les patients déjà triés et consultant essentiellement pour l’homéopathie en tant que traitement complémentaire. Dans cette deuxième catégorie un nombre non négligeable de confrères ne gèrent pas le premier recours et/ou la surveillance clinique ou thérapeutique allopathique quand elle est nécessaire.
Les attitudes ne sont donc pas les mêmes. Pourquoi donc ai je glissé, dans cette démonstration, mon discours ; du nombre de médicaments au profil du médecin ?
Par conviction personnelle certainement qui m’appartient et peut appeler un dialogue.
Si nous voulons rester dans la médecine, la vraie vie du médecin spécialiste de médecine générale, notre approche du médicament homéopathique doit d’abord être physiopathologique avant que d’être idéologique.
L’unicisme pour moi, même si en tant que pratique assez dénommée a ses gloires, est d’abord un état d’esprit. Hahnemann, notre fondateur, homme intelligent quoique d’un caractère impossible aurait évolué si il avait vécu plus longtemps, il commençait d’ailleurs à s’intéresser aux travaux de Jenner qui reflétaient pour lui une application de la « loi » de la similitude, mais il était quand même très enfermé dans cette notion et trop inconditionnel.
Nous n’avons pas toujours des critères de similitude ou d’inversion d’action dans le fonctionnement de nos médicaments. Nous n’avons pas toujours à revenir dans nos références à l’époque de Hahnemann et de son Organon. Il faut replacer ses écrits et les comprendre dans le contexte de l’époque mais nous avons fait du chemin depuis.
L’unicité est un idéal, l’idéal du un, de l’unique. Un médicament, pour un patient, pour toute sa vie! J’exagère le trait. La référence en est un livre, le répertoire à placer sur un lutrin, j’exagère encore.
Notre référence est d’abord la matière médicale dans sa diversité et même ses imperfections. On ne peut toujours rechercher l’unique, il faut gérer la diversité et les relations des parties. Le patient vu au cabinet est une complexité à gérer et nous concourrons à remettre de l’ordre ou faire que l’organisme se remette en ordre, non pas revenir toujours à une réversibilité des symptômes mais à trouver un nouvel équilibre, comme l’affirmait en son temps Georges Canghuillem.
Dans ce contexte la prescription de plusieurs médicaments homéopathiques est souvent nécessaire, mais pas n’importe comment et en respectant tant que faire se peut la démarche de similitude. Nous devons connaître les complémentarités de ces médicaments et savoir comment ils s’articulent et savoir les prescrire suivant les changements symptomatiques du patient.
Les signes mentaux et psychiques sont souvent mis en avant « dans l’unicisme », alors que nous devons considérer d’abord les signes généraux, les signes mentaux n’étant pas toujours à mettre en haut de la hiérarchisation, sinon nous ferions beaucoup d’erreurs de prescriptions. Ces erreurs n’ont pas de conséquence grave mais elles font perdre du temps et aussi parfois des patients qui se lassent de ne pas être écoutés pour leurs motifs de consultation primaire. La place des signes mentaux ainsi que la hiérarchisation des symptômes est un autre sujet
A suivre une autre fois à un autre mois!
DD
Prenez connaissance de la thèse du Docteur Florence Courtens
suite de notre article dans les précédents mots du mois.
Venez l’écouter à la Société Française d’homéopathie ou si vous passez dans le Nord, à la journée de la société de Perfectionnement en homéopathie du Nord, le samedi 11 mars 2017.
Le temps de redécouvrir Lille au restaurant Clément Marot, une table réputée de Lille
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Thèse du docteur Florence Courtens sur les récepteurs sensoriels
Les médecins ne font pas que de la médecine
Le conseil de l’ordre des médecins du Nord
Les portes du conseil de l’ordre du Nord vous sont ouvertes
Photographies, tableaux, sculptures, poèmes
accéder à l’information sur le site du conseil de l’ordre du Nord
Comment trouver le bon médicament en homéopathie ?
Déjà la phrase fait problème. Les mots et les suites de mots formalisent notre pensée et notre vécu. Il faut bien des mots et des phrases pour que nous dialoguions. Il y à un temps pour la parole et il y à un temps pour l’action elle même. L’action c’est ici notre attitude et comportement de médecin prescripteur dans notre cabinet médical dans ce lieu intime, lieu de secret et d’écoute et où la formalisation même de notre acte nécessite une rationalité.
Trouver le médicament
Trouver le bon médicament
Le médicament ou les médicaments.
Voilà de quoi discuter, on pourrait en mettre des pages. Ce n’est pas le genre d’un blog si il veut être lu, et c’est quand même mieux qu’un face book ou qu’un twitt, où¹ on dit comme on pense sur l’instant, sans réflexion, un trait d’humeur qui en amène un autre, et donc on fait monter une sauce affective parfois délétère.
Trouver le médicament, c’est la démarche pour laquelle nous avons été formés, par la théorie et notre expérience qui en a vérifié l’authenticité. C’est le patient qui au fur et à mesure de notre vie de médecin nous conforte de réutiliser des médicaments qui « marchent».
Le bon médicament, cela veut dire, et nous le reformulons autrement. Le bon médicament ce n’est pas celui que nous avons trouvé en théorie, même par une analyse scrupuleuse et respectant notre matière médicale, c’est celui qui a passé cette étape du choix et pour lequel le patient vous dira ensuite qu’il va mieux. Ensuite ce mieux il vous faudra aussi le confirmer avec le recul du temps, et là la démarche se rapproche de celle du scientifique.
D’autre part si le médicament n’a pas agi, ce n’est pas toujours parce que vous vous seriez « trompé», ne vous dévalorisez pas non plus, ce peut être aussi parce que le patient n’était pas dans les conditions pour y réagir, qu’il n’a pas été réceptif et notre fondateur lui même avait constaté ce fait et c’est alors qu’il découvrit ce qu’il appelait alors les nozodes et que nous appelons maintenant les biothérapiques, qui quand ils étaient prescrits résolvaient les problèmes des ses patients et retrouvant ainsi la voie de leur guérison. Ils redevenaient alors réceptifs aux médicaments qui avant ne semblaient pas réagir!
Nous constatons ce phénomène dans notre pratique. Un PSORINUM par exemple sur une patiente SEPIA a permis à ce deuxième médicament d’enfin réagir, ou sur un enfant par exemple qui ne réagissait pas aux médicaments de sa fièvre de réagir enfin. Notre milieu homéopathique parle de blocage réactionnel, et ces biothérapiques lèvent ces « blocages». Ce qu’on appelle donc des blocages réactionnels peuvent aussi être dus à des contextes de type ostéopathique qui est aussi une thérapie complémentaire, qui illustre aussi les interactions entre les structures et les fonctions sous jacentes. J’ai l’exemple inverse d’une patiente vue dans une consultation multidisciplinaire de la douleur pour laquelle l’acupuncture n’apportait aucun soulagement. J’étais prêt d’arrêter au bout de cinq à 6 séances à 15 jours d’intervalle. Dans le contexte de cette consultation j’évitais alors de donner systématiquement de l’homéopathie ne serait ce que par respect déontologique pour les confrères qui envoyaient leur patient à l’hôpital. Mais ici je me décidais à prescrire au vu des antécédents de cette sympathique patiente septuagénaire. Elle m’exprimait que depuis une hépatite contactée vers vingt ans elle avait toujours ressentie depuis une asthénie rémanente. J’ai alors prescrit PHOSPHORUS complémenté par SEPIA en doses à 7 jours d’intervalle. Revue ensuite, je l’ai vue aller mieux enfin et le plus étonnant c’est qu’elle ressentait maintenant nettement l’aspect positif des séances d’acupuncture pour ses douleurs et son état général. Tout se passe comme si ici l’homéopathie avait rétabli un potentiel réactionnel de l’organisme.
Revenons à notre phrase, le ou les médicaments, et ici pour ne pas dépasser ma page et aussi vous lasser, je vous donne rendez vous au prochain mot du mois.
DD