Mois : avril 2017
L’espace-temps de la consultation est unique. C’est un lieu et un temps que l’on donne ou que l’on investit. Pour le psychanalyste il est essentiel qu’un prix soit convenu et qu’un dédommagement soit donné. Le patient investit et le thérapeute donne de son temps. Il consacre son temps et en a fait profession. Ce terme sous tend une déclaration publique d’un état et d’une fonction, celle ici de soigner et d’être reconnu par des pairs pour que cette relation soit claire et donc éthique.
Espace et temps sont en fait des notions beaucoup plus difficiles à concevoir que l’on ne croit, ce sont des abstractions. Il faut donc un lieu et un partage de temps mutuel. L’espace est signifiant, c’est l’espace du médecin ou celui du patient. Le temps c’est la confrontation, la relation et c’est là que se fait une dynamique.
En outre les temps doivent être synchronisés. J’ai l’image de l’escalator, la rampe doit être synchronisée pour se sentir en sécurité. Le son  et l’image dans un film aussi sinon il y a cacophonie.
La personne qui arrive en retard que ce soit un des deux protagonistes, perturbe le système à moins que chacun d’entre eux « ait le temps ». Le temps dans le nord ou le sud n’a pas la même signification non plus, le temps en France ou en Afrique non plus. On se donne rendez vous à la minute prés chez nous et dans un créneau plus solaire que horaire sous le baobab.
Les consultations seraient sans doute plus riches de sens sous un baobab que pour un renouvellement d’ordonnance entre deux portes dans un cabinet médical surchargé dans la banlieue parisienne.
Avoir le temps c’est tenir le temps, c’est une discipline en soi. Le temps juste. Apprendre au sujet de type sensible Argentum nitricum, ou Iodum, ou Phosphorus à maitriser le temps, leur activité ou leurs émotions. Mobiliser un peu plus les lymphatiques sédentaires, les aider à accélérer un peu plus leur métabolisme ou plutôt qu’ils s’aident eux même à bouger.
Donner un temps ce n’est pas un luxe, c’est le temps de l’écoute. Le médecin eu saura plus en écoutant qu’en demandant. Si il demande, il sera directif sur son propre but celui de démasquer la pathologie, c’est un but rationnel, c’est le job, mais ce n’est pas suffisant. Si il écoute il comprendra le patient. Plutôt que prendre un diagnostic il comprendra le patient. Le préfixe « com » pour les latinistes vient de « cum », qui signifie :avec. Le patient est ainsi partie prenante dans sa guérison.
Ce n’est pas seulement la chasse au diagnostic mais l’accompagnement sous forme d’une coopération.
Celà évite aussi l’ambiguité du médecin qui sait et le patient qui subit. Le médecin puissant et le patient qui espère. La relation est ainsi plus adulte, plus objective en fait, paradoxalement par une écoute qui est ainsi plus subjective!
Ce temps de l’écoute fera aussi que le patient lui même s’écoutera mieux, non pas dans le sens d’une sorte d’hypochondrie mais dans le sens de faire attention à soi, au respect de soi et de son corps. C’est une revalorisation de soi. Le rôle du médecin est de faire que le patient se libère sans non plus être dépendant. Cette relation doit rester libre en toute confiance.