Mois : juin 2017
Qu’est ce donc qu’une pathogénésie?
Je vous donne ici un exemple, mais avant un peu d’étymologie.
Pathogénésie, c’est le fait de provoquer des symptômes pathologiques. Générer des maladies, pourrions nous dire. En fait la notion est plus large ici dans ce contexte de l’homéopathie. Prendre une substance a des conséquences. Un aliment va être transformé de façon bénéfique. Où se trouve donc la limite avec le médicament. Le médicament absorbé est donné pour soigner des maladies soit de façon palliative soit de façon ciblée. Un aliment peut être aussi un médicament. Un médicament n’est pas un aliment. Du moins en règle générale. C’est un autre débat.
Le médicament peut être toxique et donner une pathologie, par atteinte d’organe ou de fonction. Les symptômes sont de gravité variable, mortel pour un champignon ou une autre drogue, morbide par atteinte toxicologique irréversible ou réversible avec restitution ad intégrum de la santé.
La toxicologie nous donne les pistes pour savoir les grandes polarités d’une souche mé–édicamenteuse ou végétale par exemple. Ces polartités sont anatomiques ou, et physiologiques.
Le terme pathogénésie est un terme spécifiquement homéopathique pour faire comprendre un autre mécanisme. C’est l’apparition de symptômes réversibles subjectifs et objectifs lors de prises de souches médicamenteuses diluées et dynamisées chez des sujets sensibles. Les symptômes observés chez ces expérimentateurs sont colligés et rangés dans des matières médicales et constituent des pathogénésies.
L’aspect singulier ici de l’homéopathie qui utilise ces médicaments homéopathiques c’est que sur des sujets sensibles ou sensibilisés ou réactifs, ces médicaments sont donnés non pas en doses pondérales mais avec des préparations dites homéopathiques diluées et dynamisées.
C’est toute la base de l’homéopathie, celle du fondateur, et chercheur le docteur Samuel Hahnemann qui après son expérience sur le quinquina et ses expérimentations humaines, montra que des dilutions de substances peuvent avoir un effet thérapeutique à faible dose à condition qu’il y ait une réceptivité qui pour lui était la loi de similitude.
La réceptivité du sujet au médicament dépend de sa sensibilité et nécessite pour nous un raisonnement analogique plus que logique, c’est l’analogie de la similitude mais plus précisément celle d’un tableau symptomatique qui a été expérimenté et vérifié en thérapeutique. Les pathogénésies d’ailleurs mêlent des symptômes de toxicologie et des symptômes apparus lors d’expérimentations avec des dilutions.
Ce peut être considéré comme un modèle qui scientifiquement pourra être remis en cause mais c’est un modèle vivant, comme nos patients qui ne se rangent pas toujours dans nos fiches nosologiques.
L’analyse de ces symptômes nous montrent au amalgame de symptômes subjectifs et objectifs, aussi bien dans l’écoute de notre patient que dans les symptômes colligés dans la matière médicale, mais ce qui fait que ce modèle est plus objectif que l’on pourrait le croire au premier abord c’est que le temps affine ces données.
Le temps qu’il a fallu aux médecins fondateurs de la méthode, le temps aussi de toutes ces prescriptions de nos prédécesseurs et maîtres qui nous ont précédés et qui nous ont transmis leur enthousiasme de leur pratique, le temps aussi de notre propres pratiques et de la satisfaction de nos patients.
Les symptômes d’une part des patients du début du 19 e siècle et du 21e ne sont pas tant si différents que celà dans leur expression. La liaison de ces symptômes avec des troubles organiques ou fonctionnels non plus d’ailleurs.
Que le patient vous dise qu’il a l’impression que son coeur tient à un fil, comme le dit la matière médicale, votre patient l’exprimera à sa manière, vous le décrypterez, vous savez qu’il correspond plutôt à un médicament comme Kali carbonicum, mais vous observerez aussi et vérifierez que ce peut être un début de souffrance cardiaque et vous serez vigilant sur cette personne. D’ailleurs la prescription sera bénéfique et aura un impact sur l’asthénie et la tolérance à l’effort.
Et le médecin que vous êtes pourra aussi se conforter dans sa part scientifique sur le fait que le carbonate de potassium a une polarité cardiaque.
Mais la pathogénésie homéopathique vous montre d’autres facettes, l’aérogastrie, les oedèmes localisés, les polarités pulmonaires de la base droite la fatigue irritable etc., tout ce qui fait que au delà de la prescription que vous ferez en pratique sur de tels symptômes, et qui sera utile, vous découvrez aussi un type sensible, à prescription élargie qui nécessitera alors de hautes dilutions régulières mais espacées.
Nous sommes dans le vivant, qui est à appréhender comme tel, d’autant plus pour l’humain conscient. Nous sommes une machine thermodynamique, mais nous auto-fonctionnons aussi. Nous ne ne pourrons pas faire de robots qui soient vivants, ils imiteront le vivant. Ne faisons pas de nous des robots non plus, et ne les imitons pas.
Le médecin doit s’ouvrir à ces abords singuliers de l’individu souffrant et s’aider de pratiques qui ouvrent notre connaissance du patient d’autres manières, même si elles contredisent notre modèle dominant. Ces concepts ont quelque chose à dire aujourd’hui. Restons ouverts. Pour un médecin d’ailleurs cette qualité d’ouverture est aussi un critère éthique.