Mois : septembre 2017
Etre ou ne pas être dans un système?
Comment gérer donc cette problématique. Le savoir, se définit il ? Il est, nous le savons relatif à notre culture propre et à notre expérience personnelle. On sait ce que l’on a appris d’autres et ce que l’on a vécu, si tant est que ce que l’on a vécu a été assimilé rationnellement. Nous en revenons alors à la raison une fois de plus. Nous pouvons vivre des événements par nos émotions et nos sens. La raison elle même, nous ne pouvons non plus l’assimiler à la conscience, car cette conscience, est plus large que le concept de raison. Même à notre époque, nous sommes en peine de la définir cette conscience. On dit même qu’elle se fait à chaque instant de notre vie par les impacts de l’environnement sur notre cerveau.
Revenons maintenant à la notion de système et de système de pensée. Il y à dans ce concept un aspect mécaniciste, comme si on pouvait morceler le réel à notre guise sans altérer une certaine vérité. Car ce que nous cherchons sans cesse c’est bien « un plus » de vérité. Dire un plus de vérité est probablement plus raisonnable que de dire la vérité. Y a t’il une vérité? Une vérité unique? Nous approchons ainsi des notions idéologiques. C’est à dire que nous cherchons un idéal à notre logique.
Nous sommes des êtres de culture et avons besoin donc d’apprentissage. Nous devons apprendre donc des verites relatives, qui sont necessaires et à replacer dans leur contexte que ce soit historique ou scientifique. Les verites idéologiques sont souvent empreintes de certitudes. Elles ont une fonction c’est de nous rassurer, mais elles peuvent nous enfermer. Autre consequence, elles coupent le dialogue. Pour dialoguer par définition étymologique il faut « couper » notre logique, pour être deux ( « dia », »logos »), et se remettre en question ce qui permet alors d’accéder à un autre niveau de connaissance, qui respecte les contradictions.
La discipline de la « systémique » ne dit pas autre chose. La systémique englobe plusieurs systémes dans une complexité et c’est de cette complexité qu’émergent des propriétés nouvelles ( Voir Edgard Morin, Joël de Rosnay).
Donc quand nous appliquons une discipline, qui a des bases conceptuelles, il faut savoir rester évolutif et se remettre en question et remettre en question le modèle même de cette discipline. C’est une approche de type scientifique comme le définissait Popper.
Où donc veux je en venir? A nos systèmes de pensée, bien sûr, et par exemple à la démarche homéopathique en comparaison de la démarche… Comment donc l’appeler cette autre démarche? La démarche classique, ou orthodoxe, celle que l’on appris à la faculté par nos pairs lors de nos études, ainsi que son perfectionnement dont le savoir évolue d’années en années. Hahnemann en son temps au 18e siècle l’a appelée l’allopathie et ce terme, nous le retrouvons toujours sur les devantures de nos pharmacies! sans savoir que c’est le fondateur de l’homéopathie qui l’a inventé.
Il faut bien distinguer le chevauchement de temps de ces deux disciplines. Deux espace-temps distincts et qui progressent chacun pour leur compte du moins pour les « puristes ». Je ne sais quel autre mot utiliser ici, nous pourrions dire passionnés, fervents, idéologues, fidèles, convaincus…
L’homéopathie fait une révolution à son époque, dans le sens aussi d’une évolution à une époque où la médecine était très descriptive pour les tableaux cliniques mais peu opérative au niveau thérapeutique, car il manquait des concepts expérimentaux qui ne viendront qu’avec Claude Bernard cinquante ans plus tard.
Hahnemann ne privilégiait pas le pourquoi des pathologies, les causes lui semblaient alors inaccessibles, et à juste raison à cette époque. Il constatait que la maladie constituait un déséquilibre de l’énergie vitale et qu’il fallait faire que cet équilibre se retrouve. C’est une bonne logique et même une évidence.
Hahnemann avait une grande connaissance le la chimie, de par les nombreuses traductions qu’il en fit et aussi de ses expériences sur les fermentations. il connaissait les travaux de Lavoisier. Il engagea donc des expérimentations que vous connaissez basées sur la similitude symptomatique. C’était donc une approche expérimentale plus basée sur le comment que sur le pourquoi, plus sur la globalité que sur la causalité.
Sont inclus dans la démarche, tous les symptômes d’observation clinique objectifs et subjectifs et d’autant plus qu’ils paraissent sortir du bruit de fond des symptômes habituels du malade.
Claude Bernard ensuite nous sort de ce qui pourrait sembler un certain obscurantisme pour nos détracteurs et nous fait entrer dans une démarche de type scientifique, expérimentale animale, et c’est cette même démarche scientifique qui est encore notre paradigme dominant à notre époque. De là la démarche dominante actuelle de ne considérer en médecine que la recherche des causes et d’une objectivité à tous crins.
Voilà donc deux systèmes de pensée qui vont coexister et dont les fondements sont très différents et dont on recherche encore les complémentarités?
Devant tout système, il faut savoir en comprendre les mécanismes et aussi savoir s’en abstraire et les relativiser. C’est toute la fonction de notre intelligence.
Le premier prend en compte les symptômes observés dans leur globalité et utilise une thérapeutique basée sur le phénomène de la similitude et de l’inversion d’action du médicament. elle est essentiellement réactionnelle, parfois aléatoire dans son action et nécessite une écoute et une observation du patient attentive pour juger de son action. Elle est réactionnelle et ne peut en aucun cas se substituer é un traitement de type palliatif qui serait indiqué cliniquement.
La deuxième démarche s’appuie, elle sur la nosologie et le diagnostic précis de la maladie. Les thérapeutiques sont spécifiques et adaptées aux causes identifiées de la maladie. Il faut savoir que les études scientifiques basées sur les preuves sont étudiées et analysées sur des groupes uniformes et donc des maladies isolées le plus souvent et ne concernent pas les polypathologies. En médecine pourtant, soigner le terrain c’est bien gérer justement les polypathologies.
Vous avez donc deux systèmes aux concepts différents et qui ne peuvent se remplacer l’un et l’autre, ce ne sont pas les mêmes concepts et pourtant ils s’avèrent remarquablement complémentaires. L’un compense les carences de l’autre.
Troisième point, car il y à toujours un ternaire quand on traite de deux sujets. Le troisième acteur c’est le médecin lui même, docteur en médecine et donc ayant un devoir éthique propre à sa profession et au premier plan du soin au patient. On nous promet la médecine faite par des machines. Puissions nous encore maitriser cette belle discipline en restant pleinement humain et humaniste.
Nous, nous sommes là pour être sur le terrain, et nous devons être entendus à ce titre, en tant que professionnels. Nous nous devons d’éviter le moindre risque pour le patient et respecter tant que faire ce peut les grands consensus de prise en charge des patients, mais nous avons besoin d’abords complémentaires non appris en faculté de médecine, car ne correspondant pas au paradigme dominant de la thérapeutique chimique.
Des pans entiers de l’abord de la personne humaine ne sont pas suffisamment abordés, car le corps humain est abordé de manière trop restrictive. Le corps est un système ouvert et évolutif, ouvert à la matière, à l’énergie et à l’information comme le dit Anthony Wilden et nous pourrions même rajouter ouvert au symbole…Je vous renvoie aussi au livre corps et modernité de Le Breton.
Pouvons nous répondre ici au titre de notre texte? Nous répondrons comme au général: les deux.
Apprendre et désapprendre c’est le propre de la créativité, c’est aussi le dogme d’une démarche scientifique bien comprise et quand elle est authentique……
Didier Deswarte