Mois : avril 2018
Placebo
Le gros mot est lâché, un mot pourtant à l’étymologie sympathique.
Le mot du « plaire », pas loin du plaisir aussi. Plaire c’est aussi charmer comme le serpent du livre de la jungle qui charme Mowgli. Serions nous donc des hypnotiseurs, de foire aux yeux de certains? La suggestion ferait elle donc loi pour nos thérapeutiques?
La suggestion va bien avec le subjectif, honni par les confrères de l’Evidence base médecine. On en parle bien dans les livres de médecine. Aurais je dit encore un gros mot en parlant de livres? Nous n’en sommes plus à Gutenberg, quoi! Jetez donc vos papiers et hypnotisez vous avec les tablettes, nous sommes à l’ère du numérique.
J’en reviens aux étudiants en début de cursus de médecine. Encore un gros mot. Ai je le droit de les discriminer ainsi en supposant qu’ils ne savent rien? Allez nous ne parlerons plus de professeurs non plus, en fait ce sont des gens qui apprennent en enseignant à des gens qui condescendent à écouter. La hiérarchie c’est mauvais genre.
Les symptômes subjectifs sont décrits pour dire qu’il ne faut que considérer que les signes objectifs. Les signes que le médecin qui sait peut constater, et palper.
Encore un gros mot. Faut il encore toucher le patient? Nous avons des machines pour celà. Les robots c’est pour bientôt!
Le professeur Valancien nous prédit que le diagnostic échappera aux médecins, et la question est: que va t’on faire des médecins?
A quoi bon des têtes bien pleines quand il y à des robots pour celà.
Ensuite il faudra bien les faire accepter ces robots, il faut qu’ils attirent la sympathie pour qu’ils soient plus efficaces. On va inventer des leurres comme les épouvantails à moineaux. Les robots sympathiques sont d’ailleurs avec raison utilisés déjà pour des personnes agées ou déficientes et ce peut être pour un but thérapeutique louable ou une expérimentation comme une autre.
Peut être que l’on constatera que leur sympathie sera aussi opératrice dans le soin?
Le robot fera d’ailleurs de la propharmacie, il donnera le médicament avec un beau sourire et son thorax se colorera de rouge comme ET.
Question nuances de conversation, il faudra attendre un peu. Il ne faudra pas trop pousser l’argument.
Exemple de « conversation » avec le robot:
« Vous me comprenez docteur? »
« Repétez la question et parlez lentement et plus fort! »
« J’ai dit VOUS ME COM PRENEZ! »
« Non je ne vous prends pas pour un con! »
En fait c’est une question de réglage.
Tout celà pour se terminer par un gros mot.
Placebo est un gros mot, un mot fourre tout, un mot péjoratif et à la mesure de notre prétention à tout expliquer et tout gérer. Rien ne doit échapper à notre rationalité! Il faut tout tenir que rien n’échappe à notre pouvoir. Tout maitriser.
la relation ce serait un moyen simplement pour faire passer le message. Un leurre en fait. L’empathie est donc utile mais l’on oublie aussi qu’elle est elle même un facteur favorisant, un facteur thérapeutique aussi, un amplificateur.
L’observance thérapeutique d’ailleurs est meilleure quand il y à bienveillance. Et qui dit bienveillance, dit aussi la confiance.
La confiance est dans ce contexte de la médecine une donnée éthique à la fois personnelle et professionnelle.
Celà renvoie à la qualité de l’homme, de l’humain et à des valeurs.
La rationalité en médecine en fait partie et nous pouvons rester rigoureux tout en restant humains. Rigoureux tout en donnant de l’homéopathie. Un gros mot encore!
J’allais dire tout en étant médecin homéopathe, et faisant de la médecine homéopathique.
Là c’est une phrase à éviter, vous l’avez compris. Nous le répétons nous sommes médecins d’abord et qui utilisons le médicament homéopathique. Encore un gros mot pour nos détracteurs qui voudraient que l’on perde ce statut de médicament.
Et pourtant demandez aux patients qui nous consultent.
Il y à une nuance entre saupoudrer d’homéopathie une ordonnance et bâtir un traitement de fond individualisé. Les patients ne s’y trompent pas.
L’homéopathie celà s’apprend comme l’acupuncture d’ailleurs et il faut quelques années pour intégrer l’esprit des méthodes.
Nous utilisons plus un langage analogique que logique c’est une gymnastique intellectuelle. Mais la logique doit rester la dernière conseillère, sinon la plaque professionnelle n’est pas utile.
Le langage analogique c’est celui de la similitude qui n’est pas une loi mais un phénomène d’expérience humaine base de nos matières médicales.
L’organisme est réceptif au « même » de par nos systèmes d’histocompatibilité, d’immunoprotection et d’immunomodulation, et notre système nerveux avec les neurones miroirs.
Et effectivement nous donnons un leurre symptomatique, une information sans quantité d’énergie ou de matière, mais l’information n’a besoin ni de matière, ni d’énergie enfin pas toujours. La similitude fait que l’organisme reconnait cette information et qu’il met en place une réaction physiologique.
Comment? Par nos récepteurs sensoriels probablement qui peuvent être extrêmement sensibles et à des trés faibles doses.
La physiologie dont nous ne connaissons pas encore tous les mécanismes utilise certainement des relais neuroendocriniens. Je vous renvoie à la thèse de notre confrère le docteur Florence Courtens citée dans ce blog:
http://www.homeolille.fr/2016/08/24/le-patient-du-medecin-homeopathe-a-til-un-sixieme-sens/
Notre physiologie donc fonctionne aussi par analogie jusqu’aux phénomènes si profonds du désir mimétique et tant de mécanismes qui nous échappent encore.
Et ce n’est pas parce notre rationalité n’a pas encore accès à des phénomènes qu’ils n’existent pas pour autant. Je vous renvoie aux systèmes agoantagonistes de Elie Bernard Weil. Au delà des modèles connus il existera toujours des non modèles . Vision d’apparence mystique? Pas seulement, c’est aussi le reflet de notre liberté et de notre créativité.
Redescendons sur terre donc, et rappelons que nous ne devons pas renier notre symbolique serment d’Hippocrate.
En tout cas ce que nous retenons de ce serment, c’est « primum non nocere » et nous pourrions rajouter « sic hoc potest »*.
A suivre en tout cas un autre mois, sur cette notion de Placebo….
* »sic hoc potest »: traduction bricolée de : « si celà est possible », merci Google et mes excuses pour les latinistes
On ne peut impunément dire tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux.
nous sommes confrères et exerçons la même médecine !!!!
Réponse à cet article paru dans Egora sur l’acupuncture
https://www.egora.fr/actus-medicales/sante-publique/38650-acupuncture-ce-qui-est-prouve-ou-pas
Essayez donc de la pratiquer. L’inconvénient c’est qu’il faut d’abord apprendre comment la pratiquer, et d’abord rentrer dans une logique rationnelle quelque peu différente. Si nous raisonnons toujours en symptômes isolés, genre: Quels points pour les nausées? ou quels points pour les lombalgies? bref en tirer ce qu’on appelle des recettes, vous aurez une efficacité relative.
C’est comme en cuisine, il ne suffit pas de mettre les ingrédients, il y à aussi un art de la cuisine.
De la médecine auparavant on disait d’elle qu’elle était un art, l’art médical. Maintenant est exigée la médecine par les preuves (EBM).
Bien sûr nous avons un socle scientifique qui nous permet de ne pas dévier, et celà garantit le danger sectaire. Mais cette même base nous permet aussi de voir que en dehors de la pyramide de savoir universitaire existent des vérités bonnes à étudier et à pratiquer et que ces disciplines peuvent être complémentaires.
Ensuite ces mêmes disciplines expriment des vérités à remettre dans le contexte de leur époque et c’est à nous ensuite de faire des ponts conceptuels pour les adapter à nos connaissances acquises, et c’est le rôle pédagogique de leur enseignement aux médecins eux mêmes.
Ces disciplines seront d’autant plus efficaces, par contre si l’on respecte le contexte dans lequel elles ont été faites. Ce n’est pas parce qu’une discipline est ancienne, qu’elle ne détient pas une part de vérité. Nos réferences scientifiques actuelles ne sont pas des vérités pures mais des vérités susceptibles d’être contredites.
Dans ces disciplines anciennes existe une approche plus globalisante de l’être humain, qui est une approche systémique avant la lettre et aussi un abord de type énergétique.
Quand on étudie par exemple l’acupuncture, on aborde un langage et une conception, puis on l’applique, et on juge du bénéfice pour le patient et notre expérience de praticien montre le retour bénéfique et la satisfaction du patient d’autant plus que l’on a pratiqué la discipline de manière élaborée et la moins réductionniste possible par rapport à ses bases conceptuelles.
Celà s’apprend, en quelques années, mais c’est une démarche passionnante.
Certains d’entre nous donnent du temps pour cet apprentissage et cette pratique et s’y épanouissent en tant que praticien et en restant médecin appliquant les règles de santé publique et gérant son dévellopement professionnel continu comme tout docteur en médecine.
On ne demande pas à tous nos confrères de la pratiquer mais surtout de respecter nos choix en attendant que la science s’approprie ces domaines, et les progrès futurs de nos sciences fondamentales si elles ne tombent pas dans l’écueil, et l’orgueil du transhumanisme, aborderont certainement ces aspects singuliers de ces disciplines complémentaires en découvrant de nouveaux rouages physiologiques.
L’homme n’est pas qu’une machine thermodynamique. La dimension pleinement humaine est une complexité, et des abords complémentaires telles que l’acupuncture, doivent être jugés non pas sur les symptômes isolés, mais sur la qualité globale de vie, la consommation médicamenteuse, la gestion de l’iatrogénie, l’appel au potentiel réactionnel du patient, et la diminution du coût des soins…
Salutations bien confraternelles,
Dr Didier Deswarte,
Médecin retraité, avec l’expérience de 40 ans de médecine générale, et l’utilisation de l’homéopathie, l’acupuncture et l’ostéopathie en libéral et en vacations hospitalières.
Faire au mieux pour soulager en faisant appel aux réactions naturelle de l’organisme, « primum non nocere », mais aussi savoir utiliser la pédagogie inverse vis à vis du patient quand l’indication de nos méthodes est dépassé par une organicité lourde nécessitant des soins indispensables. Ce qui ne dispense pas alors d’accompagner les soins. C’est une question de conscience et de responsabilité.